Editorial
Dans le premier article, «Pirogues en perdition sur l'océan éternel», Thomas Malm suggère un intéressant sujet de recherche : comment la perception des pirogues à balancier influe sur la connaissance des rapports existant entre relations sociales, biodiversité et développement durable dans un contexte de mutations culturelles rapides, dans les petites îles et les zones côtières d'Océanie. L'argument repose sur l'idée que les pirogues peuvent être considérées comme un «phénomène social total» qui permet de comprendre divers autres aspects de la société à laquelle elles sont liées.
Bien que, à mon avis, le présent bulletin d'information ne devrait pas servir de véhicule à mes propres articles, j'espère que l'on me pardonnera pour une fois. Au cours de l'année passée, on m'a demandé à plusieurs reprises des copies de l'introduction que j'avais rédigée à l'occasion de la publication des œuvres complètes de Bob Johannes. Or, comme cette introduction fait partie intégrante d'un ouvrage publié sous forme électronique et classique, il n'est pas possible de l'extraire et de la diffuser à part. Heureusement, l'éditeur a accepté d'autoriser le reformatage et la reproduction de cette «Introduction» dans le présent bulletin, dont il constitue le deuxième article. Elle était conçue à l'origine comme un guide bibliographique de ce volume, et je ne suis pas certain qu'elle soit utile sous sa forme autonome. N'oubliez pas d'en tenir compte en lisant cet article !
Cela m'amène à un autre point auquel je réfléchis depuis quelques années. J'ai étudié, entre autres, des systèmes de gestion halieutique établis de longue date, et encore très répandus dans toute la région Asie-Pacifique, en particulier en Océanie. (Je les ai notamment étudiés au Japon, en Thaïlande et au Viet-Nam, et d'autres chercheurs les ont examinés en Indonésie, au Laos et en Malaisie). Ces systèmes de droits de propriété et les régimes juridiques et réglementaires associés reflètent bien l'organisation sociale et les structures du pouvoir. En conséquence, bien que certains soient très stables et perdurent, d'autres se sont érodés à des degrés divers, tandis que d'autres ont totalement disparu. Au début des années 90, nous avions décrit les différentes pressions qui s'exercent sur ce genre de systèmes et qui font bouger les choses. Étant donné le succès des nouveaux régimes de gestion fondés sur les régimes antérieurs, dans certains pays océaniens tels que les Samoa et Vanuatu, par exemple, le moment semble venu de s'interroger sur les raisons de l'absence de succès et d'examiner les cas particuliers d'érosion de systèmes locaux et ce qu'il faut faire pour «réparer les dégâts» et moderniser le système.
Naturellement, il faut se pencher sur une foule de questions quand on veut appliquer des régimes anciens dans un contexte socioéconomique moderne, totalement différent. Mais l'ensemble des pays de la région partagent aussi de nombreuses questions communes (les migrations prenant possession de zones sous régime traditionnel, en particulier près de centres urbains, pour ne citer qu'une de ces questions).
Le présent bulletin d'information peut fournir des renseignements utiles à ce sujet. Je serais heureux de recevoir des courriels, en particulier de lecteurs d'Océanie, ainsi que des commentaires et des suggestions de recherche. Si vous avez des articles, des notes, des observations détaillées ou d'autres documents prêts à être publiés, nous serions ravis de le savoir et de publier vos informations dans de futurs numéros du présent bulletin.
Kenneth Ruddle
|
|
Sommaire
Pirogues en perdition sur l'océan éternel : un aspect négligé de l'évolution culturelle et des conditions du développement durable en Océanie Malm T. ( pdf: 1 MB) Introduction aux œuvres complètes de R.E. Johannes, publications concernant les savoirs traditionnels et la gestion des ressources marines Ruddle K. ( pdf: 121 KB)
Téléchargez la publication complète:
Traditions #23 (pdf: )
|