Note de l'éditeur

Depuis la parution du tout premier numéro du bulletin Ressources marines et com-mercialisation, nous avons publié d’innombrables articles étudiant sous quasiment tous les angles possibles et imaginables la filière des poissons vivants destinés à la restauration et à l’aquariophilie. N’étant rattaché à aucune discipline particulière, notre bulletin couvre un large éventail de sujets, de la biologie des poissons de récif au rôle des consommateurs dans la viabilité des ressources exploitées. À chaque numéro, je me dis que, cette fois, nous avons tout couvert, jusqu’à ce que la salve suivante d’articles me fasse mentir. Les articles que nous vous proposons dans  ce numéro illustrent bien ce renouveau incessant des sujets à étudier.

Dans le premier article, Ditch Townsend dresse le bilan de la filière de l’aquariophilie marine dans le monde et des options de gestion en place. Quoique tourné vers le passé, ce type d’exercice a pour but de nous aider à emprunter la bonne direction lorsque nous regardons vers l’avenir. C’est clairement cet objectif qu’a visé Townsend. Il regroupe les enjeux de la filière dans trois grands domaines : pérennité des écosystèmes marins, traitement équitable des pêcheurs de la filière aquariophile, et bien-être des poissons échangés. Après un examen des différentes initiatives lancées récemment pour faire face aux difficultés dans ces domaines (certification et législation, entre autres), il conclut que nous avons besoin d’une plus large palette d’options stratégiques et que de nouveaux outils d’analyse sont aujourd’hui à notre disposition pour nous aider sur cette voie.

Vous trouverez ensuite une analyse de la filière des poissons de récif vivants destinés à la restauration de Palawan (Philippines). Michael Fabinyi et Dante Dalabajan sondent le tissu social de cette province des Philippines afin d’expliquer pourquoi gérer efficacement les modalités concrètes de la pêche et du commerce des poissons de récif vivants relève encore de l’utopie, en dépit des nombreux efforts déployés en ce sens par au moins trois niveaux de gouvernement et du nombre impressionnant de lois et de réglementations qui existent sur papier. Pour quelqu’un comme moi, pour qui des stratégies intelligentes et bien pensées restent la panacée en matière de gestion des pêcheries, cet article est une petite révolution. Il ne s’agit pas de comprendre la biologie de la ressource et les seuils d’exploitation durable ; il ne s’agit pas non plus de mettre à profit ces connaissances pour formuler des mesures de gestion adaptées. Il s’agit avant tout de vérifier que les institutions fondamentales chargées de la conduite des affaires publiques sont en phase avec la structure de la société. Retour à la case départ !

L’article suivant nous offre une parfaite transition, puisque Gregg Yan y dévoile l’absence de respect des lois sur la pêche aux Philippines, relatant notamment que le napoléon, pourtant protégé, continue d’être pêché, vendu et exporté. Le napoléon est également le sujet de l’article qui conclut ce bulletin. Yvonne Sadovy, Syamsul Bahri Lubis et Santi Suharti font état des efforts déployés en Indonésie pour gérer le commerce du napoléon, en particulier depuis que l’espèce est inscrite à l’annexe II de la CITES et donc classée parmi les espèces protégées.

Tom Graham

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