Programme Pêche Côtière
 
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Historique du Programme Pêche côtière de la CPS

La CPS est présente dans le secteur halieutique du Pacifique insulaire depuis 1952, moment où sont définis, lors de la première Conférence technique sur les pêches, les domaines requérant une attention régionale. Lors de la création de la Commission du Pacifique Sud, il n'existait, dans sa zone d'intervention, aucun service spécialisé dans la pêche. Rares étaient les informations sur lesquelles fonder la mise en valeur de la ressource, tant au niveau national que régional, et la raison essentielle de l'arrivée de la CPS sur la scène halieutique semble avoir été la collecte de ces données. Conformément à la démarche adoptée à l'époque par l'Organisation, il s'agit principalement de conduire des études à l'appui de l'exploitation de la ressource, mais très rapidement, on en vient à soutenir directement les efforts de développement.

À l'origine, outre les premières évaluations faisant autorité quant à l'état de la ressource et ses perspectives de mise en valeur, le travail de la CPS trouve son expression concrète dans la création de services nationaux des pêches. Dans les années 50, la CPS joue également un rôle dans la mise en place de la première pêcherie par chalutage en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans l'introduction du troca dans plusieurs pays, et dans les premiers pas aquacoles de certains autres, des activités qui ont généré depuis des millions de dollars de revenu.

D'après les archives dont on dispose, il semble qu'au cours des années 1960, la CPS se repose sur ses lauriers, estimant sans doute avoir rempli son mandat dans le développement des capacités des pays, et pendant de longues périodes, elle ne compte dans ses rangs aucun halieute. L'ère moderne commence lorsque la CPS accueille l'Agence de développement des pêches que finance le PNUD, de 1970 à 1973. À cette époque, la conférence technique régionale sur les pêches (devenue aujourd'hui la conférence des directeurs des services des pêches) se réunit annuellement, et l'idée se concrétise d'une entité régionale proposant des services-conseils et facilitant la collaboration, œuvrant main dans la main avec les services nationaux dans leurs efforts de développement.

Les années 70 sont à marquer d'une pierre blanche : les pays insulaires du Pacifique voient fleurir les espoirs qu'ils placent dans les pêcheries industrielles de thonidés (dont les prises ont quadruplé de volume en dix ans) et qui atteignent leur apogée avec l'organisation des conférences sur le droit de la mer, la déclaration d'une zone économique exclusive de 200 miles et la création de l'Agence des pêches du Forum (FFA). Pendant cette période, la CPS joue un rôle important, mettant en évidence l'importance de la ressource halieutique par le biais de son programme d'étude et d'évaluation des stocks de bonites et en préparant le terrain pour la mise en place de la FFA.

Parallèlement, la CPS prend une part toujours plus active à la mise en valeur des ressources côtières. Plusieurs projets visent des produits destinés aux marchés d'exportation, comme la langouste aux Îles Salomon et la bêche de mer à Fidji, mais c'est dans le cadre du projet de petite pêche à l'extérieur du récif qu'est défini le cas logique des efforts qu'elle déploie désormais dans le secteur de la pêche côtière : en effet, une équipe autonome constituée de pêcheurs, d'un mécanicien et d'un biologiste munis d'une embarcation et d'installations de réfrigération, est chargée d'évaluer les ressources démersales du tombant du récif, de faire la démonstration de méthodes de pêche et d'effectuer les projections économiques d'une éventuelle exploitation.

Du projet de petite pêche à l'extérieur du récif est né en 1978 le projet de développement de la pêche au demi-large, dont la démarche pratique de mise en valeur des ressources de l'extérieur du lagon est depuis restée au cœur des activités du programme Pêche côtière de la CPS. Pendant les années 80, sous la houlette de Barney Smith et de Garry Preston, le programme Pêche côtière de la CPS trouve son équilibre, avec ses volets d'évaluation des ressources et de valorisation des produits de la pêche, mais aussi diverses initiatives axées spécifiquement sur la formation, l'information et le rôle des femmes dans le développement des pêcheries locales des îles du Pacifique.

Au cours de la dernière décennie, cet équilibre est maintenu sans grand changement, mais le programme occupe également dans la région un créneau particulier, à savoir celui des services de soutien et de conseil qui viennent combler un manque, de manière pratique et pragmatique, pour le développement des pêcheries commerciales et de leurs perspectives d'exportation. Les agents du programme s'attachent notamment à ce que les efforts de mise en valeur de nouvelles ressources visent avec réalisme des pêcheries offrant des possibilités de durabilité. Ils contribuent de plus en plus fréquemment au travail d'évaluation de l'état des stocks surexploités et à la préservation de leur pérennité.

Ainsi, depuis de très nombreuses années, l'appui apporté au développement des ressources halieutiques des pays insulaires de la région par la CPS évolue en fonction des besoins. Bien que les priorités changeantes des diverses sources externes d'aide aient eu une influence inévitable sur la portée de ses activités, l'historique de ce qui est aujourd'hui le programme Pêche côtière illustre très fidèlement l'évolution des services des pêches des États et territoires mêmes, de leur naissance à leur maturité, en passant par la période de décolonisation. Ses responsables se sont certes toujours efforcés de préserver une optique régionale et de créer un outil de mise en commun de l'expérience et des informations, mais son rôle premier est de remédier aux lacunes et de répondre aux besoins en matière de mise en valeur des ressources halieutiques des pays, là où d'autres programmes plus étroitement focalisés, tant nationaux que régionaux, ne peuvent avoir prise.

C'est pour cela que le programme Pêche côtière de la CPS est plus aisément comparé aux autres organismes régionaux en précisant ce qu'il ne fait pas plutôt que ce qu'il fait :

  • le programme Pêche côtière n'entreprend ni évaluation des stocks ni études biologiques sur les thonidés, activités qui relèvent toutes deux du mandat du programme Pêche hauturière de la CPS, bien que l'évaluation et la recherche sur les poissons-appâts et les ressources démersales du tombant récifal soient de son ressort depuis que le programme Pêche hauturière a décidé de se consacrer exclusivement aux thonidés, en 1987;
  • il ne contribue pas, auprès des États et territoires insulaires, aux négociations engagées avec les pays pratiquant la pêche hauturière relatives à l'accès à la ressource thonière de la région, ni au développement de leurs capacités de pêche industrielle de thonidés, objet pour lequel la FFA a été créée en 1978; le programme tente cependant de résoudre les problèmes de manque d'assistance technique dont souffre le secteur artisanal de la pêche des îles du Pacifique;
  • il ne conduit pas de campagne de défense des espèces marines menacées, rôle qu'assume le Programme régional océanien de l'environnement (PROE) depuis 1990, date du premier séminaire consacré dans la région aux tortues; il tente plutôt de réorienter les efforts de capture d'espèces clairement surexploitées et d'encourager la mise en place de mesure de gestion pouvant éviter que certaines espèces soient portées à la liste des espèces menacées;
  • il ne s'efforce pas d'intégrer la pêche dans le contexte général de la planification des activités côtières et de la gestion multisectorielle, tâche monumentale que le PROE tente d'encourager la région à entreprendre; il collecte toutefois les informations disponibles pour que les caractéristiques des pêcheries concernées puissent être appréhendées globalement;
  • il ne travaille actuellement ni dans le domaine de la cartographie des fonds marins ni dans celui de la classification des habitats, activités auxquelles la Commission océanienne de recherches géoscientifiques appliquées (SOPAC) commence à s'intéresser, bien que de tels produits, s'ils existaient, lui serait particulièrement utiles, à des fins notamment d'évaluation des ressources;
  • il ne conduit pas, dans le domaine des ressources marines et de la pêche, de formation relevant du système classique ou de longue durée, dont sont chargés les services nationaux de l'enseignement, les universités nationales et l'Université du Pacifique Sud (USP); il s'efforce par contre de combler les lacunes reconnues en offrant des formations appliquées et de courte durée aux agents des services des pêches des États et territoires et des stages relatifs à diverses activités du secteur commercial et à la formation continue;
  • le cas échéant, il s'attache à définir des orientations régionales harmonisées, comme le font la FFA, le PROE, le département Agriculture de la CPS et le secrétariat général du Forum dans leurs propres domaines d'intervention mais n'a jamais assumé les fonctions de secrétariat d'un accord international quel qu'il soit. Des politiques ont été élaborées et adoptées dans la région par les pays membres notamment sur l'introduction d'espèces marines et le contrôle zoosanitaire; celles concernant l'analyse des risques et des points de contrôle critiques (HACCP) dans le secteur de la valorisation de la production de la région sont actuellement en cours d'examen.

Le programme Pêche côtière de la CPS a donc toujours fait preuve d'adaptation face à l'évolution de la situation et des perspectives de la région. C'est là une caractéristique essentielle à plus d'un titre, car les responsables d'un projet lourdement planifié et étroitement canalisé ne peuvent jamais envisager tous les imprévus susceptibles de surgir de sa mise en œuvre qui dure généralement de trois à cinq ans. Le programme Pêche côtière est capable à la fois de travailler en permanence au service des pays de la région et de satisfaire rapidement les attentes évolutives et toujours croissantes du secteur de la pêche commerciale. Contraint de justifier constamment ses activités et la réalisation de ses objectifs auprès d'un nombre important de clients et de bailleurs de fonds pour pouvoir assurer le devenir de ses efforts au service de la région, le programme Pêche côtière a adopté un mode de fonctionnement économe et efficace. Cependant, l'absence d'objectifs à long terme empêche ses responsables de développer certaines des fonctions de coordination qui seraient, dans la durée, d'une grande importance pour une région constituée de petites îles.

Le programme Pêche côtière s'est adapté et a mûri de concert avec les services nationaux des pêches des États et territoires membres de la CPS. Comme nombre d'entre eux, il traverse une période de formalisation de son mandat évolutif, l'accent étant mis sur la gestion des pêches plutôt que sur les interventions dictées par les circonstances ou les crises, sur l'orientation à donner au développement pour qu'il soit à la fois durable et adapté aux besoins de la société concernée, et sur la valorisation patiente des ressources humaines et du bassin de connaissances à même d'assurer la survie économique des pays, et ce sans oublier un instant que le progrès accompli s'évalue par comparaison à une base de référence qui soit aussi réaliste que mesurable.

 
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